Un cyberjounaliste condamné à deux mois de prison avec sursis pour outrage à corps constitué

Un cyberjounaliste condamné à deux mois de prison avec sursis pour outrage à corps constitué

Depuis plusieurs années, Saïd Boudour est régulièrement été inquiété par les autorités algériennes en raison de ses activités de cyberjounaliste et défenseur des droits humains. Il a été arrêté le 6 octobre 2019 et inculpé entre autres d' « atteinte au moral des troupes et à l’intégrité du territoire national ». Le 24 novembre 2020, le tribunal de première instance d'Oran l'a condamné par contumace à un an de prison et à une amende de 50’000 Dinars algériens. Lors d'un nouveau procès le 10 mars 2021, Saïd Boudour a été condamné à une peine de deux mois de prison avec sursis.

Depuis plusieurs années, Saïd Boudour est régulièrement harcelé par les autorités algériennes pour des reportages sur les questions relatives aux droits humains dans le pays. Il s’intéresse notamment aux droits des migrants et des prisonniers politiques dans le contexte du mouvement de protestation appelé « Hirak » en Algérie.

Il a notamment été arrêté plusieurs fois entre juin 2016 et décembre 2018. En juin 2018, il avait été arrêté alors qu’il sortait d'une réunion de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme. Il a ensuite été transféré à Alger pour faire l'objet d'une poursuite judiciaire en relation à des informations qu’il avait diffusées à propos d’une saisie de stupéfiants à Oran impliquant de hauts responsables algériens.

Saïd Boudour a de nouveau été arrêté le 6 octobre 2019 et placé en garde à vue au siège de la sûreté à Oran où il a été interrogé sur des contenus hostiles au gouvernement algérien partagées sur son compte Facebook. Il a également été questionné sur d’autres contenus dont il n’est pas l’auteur, publiés à travers un compte Facebook piraté. Il a été inculpé le lendemain des crimes d’« atteinte au moral des troupes » et « atteinte à l’intégrité du territoire national et à l’unité nationale » ainsi que pour les délits de « diffamation » et d’« outrage aux institutions de l’État ».

Le 7 octobre 2019, le juge d’instruction près le tribunal d’Oran a néanmoins accepté sa demande de mise en liberté conditionnelle avant que la chambre d’accusation du tribunal d’Oran ne décidé d’annuler sa mise en liberté provisoire le 15 octobre 2019.

Le 10 mars 2020, son dossier a été confié au tribunal correctionnel d’Oran suite à la requalification des poursuites. Saïd Boudour reste néanmoins poursuivi d’« outrage à corps constitué », « diffamation », et « menaces ». Ces chefs d’accusation font référence à des posts Facebook critiquant l’ancien chef d’état-major de l'Armée nationale populaire Ahmed Gaïd Salah.

Le 24 novembre 2020, le tribunal de première instance d'Oran l'a condamné par contumace à un an de prison et à une amende de 50’000 Dinars algériens. Lors d'un nouveau procès le 10 mars 2021, Saïd Boudour a été condamné à une peine de deux mois de prison avec sursis. Il est remis en liberté à l'issue du procès.

Timeline

10 mars 2020: Le tribunal de première instance d'Oran acquitte Saïd Boudour du chef d'accusation de « diffamation » et le condamne à une peine de deux mois d'emprisonnement avec sursis accompagné d'une amende de 20’000 Finars pour le chef d’inculpation d’« insulte à l'encontre du régime» ; la défense a interjeté appel.
1er mars 2021: Saïd Boudour est incarcéré dans l’attente d'être rejugé par le tribunal de première instance d’Oran.
24 novembre 2020: Le tribunal d'Oran condamne par contumace Saïd Boudour à un an de prison et 50’000 Dinars algérien (environ 325 Euros).
26 août 2020: MENA Rights Group porte à l’attention du Rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression le cas de Saïd Boudour.
10 mars 2020 : La chambre d’accusation du tribunal d’Oran abandonne une partie des charges contre Saïd Boudour et renvoit l’affaire devant le tribunal correctionnel.
10 janvier 2020 : Le juge d'instruction de la 5ème chambre du tribunal d'Oran a transféré son dossier vers la section criminelle du tribunal.
7 octobre 2019 : Saïd Boudour est inculpé entre autres d' « atteinte au moral des troupes » et « atteinte à l’intégrité du territoire national et à l’unité nationale ».
6 octobre 2019 : Saïd Boudour est arrêté et interrogé par la police au siège de la sûreté à Oran à propos de posts Facebook critiques vis-à-vis des autorités.