Un médecin turc d’origine égyptienne risque d’être extradé du Maroc vers l’Égypte

Un médecin turc d’origine égyptienne risque d’être extradé du Maroc vers l’Égypte

Abdelbaset Elemam, ressortissant turc d’origine égyptienne, était professeur de médecine à l’Université d’Al-Azhar du Caire avant de s’exiler en Turquie. En 2013, il a participé avec son fils aux manifestations de la place Rabaa al-Adawiya contre le gouvernement en place. Son fils a été tué par balles par les forces de sécurité lors de ces manifestations. Elemam a poursuivi son activisme politique, notamment contre le Président al-Sissi, et a été contraint à l’exil en raison de la répression croissante exercée par les autorités égyptiennes sur les dissidents. Il a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité le 12 décembre 2017 pour des accusations de terrorisme. Le 3 novembre 2024, alors qu’il voyageait au Maroc pour du tourisme, Elemam a été arrêté à l’aéroport international Mohammed V de Casablanca et est actuellement détenu en attente d’une décision d’extradition vers l’Égypte.

Abdelbaset Elemam, ressortissant turc d’origine égyptienne, était professeur de médecine au département d’urologie de l’Université d’Al-Azhar du Caire avant de s’exiler en Turquie. Eleman s’est opposé au coup d’Etat du 3 juillet 2013 mené par l’armée égyptienne contre le Président Mohamed Morsi. Il a participé aux manifestations sévèrement réprimées d’août 2013 sur la place Rabaa al-Adawiya au Caire, aux côtés de milliers d’Égyptiens. Il était accompagné de son fils, alors âgé de 18 ans, qui a été tué par balles par les forces de sécurité le 14 août 2013. Après l’assassinat de son fils, il a continué de s’opposer au gouvernement et au président al-Sissi.

En 2016, des forces de sécurité ont perquisitionné son domicile à la recherche d’informations sur son identité, sa localisation et celle de ses proches. Conscient du risque imminent d’arrestation, Elemam a été contraint de quitter immédiatement le pays. Il a quitté l’Égypte de manière régulière par l’aéroport du Caire, sans rencontrer de quelconques problèmes juridiques liés à d’éventuelles poursuites à son encontre, et s’est rendu en Tanzanie. Sa famille est restée en Égypte, mais a vécu cachée pendant au moins un an. Elemam s’est installé en Turquie en 2018 et a obtenu la citoyenneté turque en 2020.

Le 12 décembre 2017, il a été condamné par contumace à perpétuité pour des accusations vagues de terrorisme, à savoir « avoir pris la tête d’un groupe créé en violation des dispositions légales » et « avoir utilisé des actions armées comme moyen de prendre pouvoir par la force ».

Le 3 novembre 2024, alors qu’il voyageait au Maroc pour du tourisme avec un passeport turc valide, Elemam a été arrêté à l’aéroport international Mohamed V à Casablanca. Le jour de son arrestation, il n’a été autorisé à contacter ses proches que deux fois, très brièvement, pour les informer que les autorités marocaines le détenaient sur la base d’une demande d’extradition formulée par l’Égypte.

Elemam est actuellement détenu à la prison de Tiflet 2 dans l’attente d’une décision de la Cour de Cassation quant à la demande d’extradition de l’Égypte.

L’extradition d’Elemam constituerait une violation du principe de non-refoulement inscrit à l'article 3 de la Convention contre la torture, à laquelle le Maroc est partie.

Timeline

3 novembre 2024 : Elemam est arrêté à l’aéroport international Mohammed V de Casablanca.
12 décembre 2017 : Elemam est condamné par contumace à la réclusion à perpétuité.
2016 : Elemam décide de quitter l'Égypte après que les forces de sécurité aient perquisitionné son domicile.
14 août 2013 : Elemam participe aux manifestations anti-coup d’État organisées sur la place Rabaa al-Adawiya. Il est accompagné de son fils, qui est abattu par les forces de sécurité aux côtés d’au moins un millier d’autres manifestants.