Ressortissant soudanais victime de violences policières à la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla le 24 juin 2022

Ressortissant soudanais victime de violences policières à la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla le 24 juin 2022

Le 24 juin 2022, A.O., un ressortissant soudanais, a tenté de traverser la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla en se joignant à un groupe de près de 2 000 migrants. Au cours de cette tentative, il a été témoin et victime de multiples violations commises par les forces de sécurité espagnoles et marocaines. Au moins 23 personnes sont décédées en essayant de traverser la frontière. De nombreux migrants ont été placés en détention tandis que d’autres, comme A.O., ont été dispersés à travers le pays afin de prévenir toute nouvelle tentative.

A.O. est un ressortissant soudanais originaire de la région du Darfour. Il est arrivé au Maroc en 2021 dans l’espoir de rejoindre un pays de l’Union européenne pour y déposer une demande d’asile.

Tôt dans la matinée du 24 juin 2022, près de 2 000 migrants, dont A.O., ont tenté de franchir la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla.

Les forces de sécurité espagnoles et marocaines ont alors eu recours à la force afin de prévenir tout franchissement de la frontière, matérialisée par de hautes clôtures à mailles métalliques.

Les gardes civils espagnols ont notamment eu recours aux gaz lacrymogènes et aux balles en caoutchouc. De leur côté, les forces de l’ordre marocaines, composées des Forces Auxiliaires, la Sûreté nationale, la gendarmerie, l’armée et des forces de sécurité locales, ont délivré des coups de matraques.

Les vidéos de l’intervention des forces de sécurité marocaines montrent des corps gisant au sol dans des mares de sang et des policiers frappant des hommes, à l’évidence, déjà blessés et allongés sur le sol. 

Le drame du 24 juin 2022 aurait fait au moins 23 morts selon le bilan officiel établi par les autorités. Néanmoins, des sources non gouvernementales font état de 27 ou encore 37 morts. Dès le 26 juin, des tombes auraient été creusées dans le cimetière de la ville de Nador pour y enterrer les corps d’au moins 23 morts. Les autorités marocaines ont alors été accusées d’avoir tenté d’organiser à la hâte des enterrements collectifs, et ce « sans enquête, sans autopsie, sans identification ».

Par ailleurs, des dizaines de migrants ayant tenté de franchir la frontière sont actuellement poursuivis pour « entrée illégale sur le sol marocain », « violence contre agents de la force publique », « attroupement armé » et « refus d'obtempérer ». D’autres ont été inculpés pour « participation à une bande criminelle en vue d'organiser et faciliter l'immigration clandestine à l'étranger ». Leur procès s’est ouvert le 4 juillet 2022 devant le tribunal de première instance de Nador. 

N’ayant pas réussi à atteindre le territoire espagnol, A.O.et d’autres migrants ont été contraints par les forces de l’ordre marocaines à monter dans des bus qui les ont dispersés à travers le pays. Malgré les sévices subis, ils n’ont reçu aucune assistance médicale lors de leur transfèrement. A.O.et d’autres migrants se sont alors rendus à l’hôpital, néanmoins le personnel aurait refusé de les assister, affirmant qu’ils ne nécessitaient d’aucuns soins. Enfin, A.O., comme d’autres personnes qui ont tenté la traversée, s’est vu confisqué plusieurs effets personnels par les forces de l’ordre.

Les évènements du 24 juin 2022 s’inscrivent dans le cadre de la coordination des politiques migratoires marocaines et espagnoles marquée par de nombreuses violations des droits humains. Les forces auxiliaires marocaines ainsi que la Guardia Civil espagnole ont régulièrement recours à un usage excessif de la force à l’encontre des migrants qui tentent d’entrer dans les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta.

Estimant que l’intervention conjointe des forces de sécurité espagnoles et marocaines du 24 juin n’a pas respecté les Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois, MENA Rights Group a envoyé une communication au Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et au Rapporteur spécial sur les droits de l'Homme des migrants pour réclamer l’ouverture d’une enquête indépendante, effective et exhaustive des incidents du 24 juin 2022.

آخر التحديثات

4 juillet 2022: MENA Rights Group envoie une au Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et au Rapporteur spécial sur les droits de l'Homme des migrants concernant les violations dont A.O. a été victime le 24 juin 2022.

Ouverture à Nador du procès de 37 migrants arrêtés par les autorités marocaines suite à leur tentative de franchissement irrégulier de la frontière.
24 juin 2022: Près de 2 000 personnes tentent de traverser la frontière marocaine vers l’enclave espagnole de Melilla.